J-1

Je sais que tu vas arriver, c’est dans mon agenda. Il dit même que c’est demain. Je t’aime bien hein, c’est pas contre toi, ton côté festif et un peu « chaud » ça nous amuse tous. Tu reviens tous les ans à peu près à la même époque, Tu lances la série des longs apéros, des tenues plus légères, des tongs, de l’huile dans les cheveux, des chipos et des après-midi devant Roland-garros en mangeant des cerises. Tu as toujours été le témoin de plein de beaux événements (genre le bac). J’ai avec toi des chouettes souvenirs. Plein. Tu nous donnes nos premières couleurs… L’envie d’aller à la plage et de mettre plus de glaçons dans le rosé…. De nous acheter des maillots… ou pas d’ailleurs. Ouais. Mais il faut que je te le dise. Tu coûtes trop cher. Tu vas rester là 30 jours. 30 longs jours. Et ton train de vie c’est… du n’importe quoi. Au début ça va aller à peu près, on le sait, on fera l’effort de suivre, mais au bout de deux semaines on sera déjà rincés. Sans déconner. T’es un des pires mois de l’année. Juin. Papa est né le 1er, maman le 8, le 10 le nain passe sa ceinture de Karaté, son anniversaire tombe le 16, on le fêtera surement 2 fois, cette année la fête des pères tombe le 17, mon neveu est né le 21, sa mère nous a calé son baptème le 24, le 22 on a intercalé la kermesse de l’école, le 29 le concert des enfants, et le 30 l’anniversaire de ma petite soeur (la mère du neveu, c’est bien, je vois que tu suis). Ajoute à ça les invitations aux anniversaires des copains de classe, et le reste, la vraie vie en général…. J’ai des copines dont les filles ont des galas de danse. Dieu soit loué j’ai eu un garçon. Mais on va mal finir je te le signe. L’excellente nouvelle c’est que Noel est dans 6 mois, donc on aura le temps de se refaire une santé… financière. En revanche en terme d’organisation, d’alcoolémie et de manque de sommeil, je cherche actuellement tout type de solution. Donc si vous avez des idées, hormis la citrate de bétaïne, le Berocca et l’efferalgan (les stocks sont faits) n’hésitez pas. On prend. La bonne nouvelle c’est que dans 30 jours… On est en juillet. La mauvaise c’est qu’il faudra occuper le nain H24, 7 jours sur 7. Que veux tu que je te dise… On mettra encore plus de glaçons dans le rosé, et on va y arriver. Je nous fais confiance.

Allez, bisous.

Avant, je courais.

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Avant je courais. Je t’explique. Ma vie était une course. Une course contre la montre.

Mère célibataire d’un nain de 6 ans -et demi- comme il dirait lui-même, ça consiste précisément à courir, en permanence, surtout avec un boulot à plein temps. Pour compliquer la donne je l’ai inscrit à des activités périscolaires différentes tous les jours après l’école, histoire de me challenger un petit peu… sans oublier les activités au sein même de l’école qui nécessitent également un tout petit peu d’organisation, parce que le livre du rallye-lecture de la bibliothèque est à mettre dans le cartable le bon jour, et il faut éviter de le mettre en smoking le jour où il a sport… Ajoute les boites à gouter à préparer et les devoirs… Tes journées sont des tunnels, et à 7h quand ton réveil sonne… tu commences à courir. Même si ce n’est pas dans la maison, c’est dans ta tête. Le déposer à l’école lavé, habillé, coiffé, petit déjeuner englouti (en général dans la voiture hein faut pas déconner non plus), contenu du cartable checké, boite à gouter pleine, devoirs faits, dieu soit loué pas besoin de coiffer mon modèle d’enfant… Ça relève un tant soit peu du miracle. Aller bosser en étant soi-même habillée maquillée coiffée à peu près correctement, faire les courses de bouffe pendant ta pause déjeuner, aller les ranger à la maison, lancer une machine, retourner bosser, mettre une alarme à 18h pour aller chercher le nain au cirque ou au Karaté ou aux échecs ou au chant selon le jour, ne pas se tromper d’endroit. Récupérer le génie, répugnant et content, toujours. Commencer à négocier dans la voiture pour pouvoir le mettre dans le bain en arrivant, l’envoyer dans la salle de bains, étendre la machine, l’envoyer dans la salle de bains, vider le lave vaisselle, l’envoyer dans la salle de bains, ouvrir le courrier, l’envoyer dans la salle de bains, Ranger un peu le bordel général qui règne… partout… Lui hurler dessus pour qu’il aille dans cette putain de salle de bains. Se lancer dans de la grande cuisine à base de pâtes en général, mettre de la musique un peu fort, se servir un verre de vin, aller lui dire de se savonner, faire cuire un bout d’animal, donner à manger à la tortue, lui dire de fermer l’eau ça va déborder et oui, tu te laves AUSSI les cheveux, répondre aux messages pour l’organisation de la prochaine sauterie collective dans le groupe de copines sur Facebook, dire au nain de sortir du bain, Mettre la table, répondre à Ben qui m’a envoyé une capture d’un tweet très très très drôle, dire au nain de sortir du bain, chercher son pyjama, aller ramasser la tenue complète qu’il portait aujourd’hui et qui orne le tapis de bain trempé, le slip et le pantalon retirés tellement vite qu’ils sont restés imbriqués l’un dans l’autre, les séparer, râler un peu, réexpliquer calmement que CECI n’est pas QU’un élément de décoration mais bel et bien un contenant placé précisément à cet endroit dans le but de recevoir le linge sale si possible par morceaux séparés. Faire un sourire forcé et lui dire que maintenant il sort de cette baignoire ou il ne dîne pas. Lui donner son pyjama. Dîner et raconter nos journées, rigoler bien sûr, lui dire 12 fois de manger proprement. Répondre à des questions improbables sur l’origine du monde et le wifi. Allez, Les dents, pipi et au lit. Lire une histoire. Le laisser 10 minutes avec un autre livre, 20h30, allez, on éteint, demain école… Débarrasser la table. Finir son verre de vin. ou s’en servir un autre… Allumer la télé… se dire que tout va recommencer le lendemain à 7h. Et recommencer…

Et puis… Et puis un jour j’ai arrêté de bosser. Donc de courir. Enfin, presque. Parce que finalement ça devait me manquer, du coup maintenant, je me suis mise à essayer de courir. Mais genre en vrai. Je dis « essayer » parce que c’est pas encore ça hein. Ça fait deux mois et c’est encore atroce. Chaque pas est un calvaire, chaque foulée est une épreuve. Je suis de ses personnes qui détestent le sport, sous à peu près toutes ses formes (Ouais, même à la télé). Pour moi, courir ne pouvait avoir une utilité que pour attraper un bus ou échapper à un sanglier qui charge. Les sportifs étaient à mes yeux une bande de débiles ou de masochistes. Si si. Je ne comprenais pas l’intérêt de faire un truc aussi désagréable, qui en plus fait transpirer et rend laid (sur le moment). Regarde les sportifs, ils font des grimaces, ils puent… pendant l’effort hein, en dehors ça est des gens comme toi et moi… enfin, je crois… Bon, le fait est qu’étant donnée mon hygiène de vie actuelle, soit je me mettais à faire « de l’exercice » soit je devenais un tonneau. Ma garde robe a choisi pour moi. Dans mon entourage pas mal de gens avaient l’air de trouver ça « fun » et pratiquaient ce sport chelou qu’est la course à pied, ils en parlaient, s’encourageaient mutuellement, alors je me suis dit « pourquoi pas ». Ouais. Donc en bonne connasse qui se met à une nouvelle activité, j’ai fait ce que toute vraie connasse digne de ce nom fait, je me suis précipitée à la mecque du sport, au temple des gens qui kiffent « l’exercice », le bien nommé : Décathlon. Tu vois, Paradoxalement, Je déteste le sport, mais j’adore aller chez Décathlon. Depuis toujours, Je ne sais pas pourquoi. Il y a un côté sympathique dans tous ces articles aux couleurs vives et dont j’ignore souvent totalement l’utilité… mais c’est jovial et t’as envie d’acheter plein de trucs. Je pense qu’ils diffusent des drogues parce que c’est quand même chelou d’avoir envie d’acheter des vêtements pour faire des sports que tu vas jamais pratiquer. Et même pour ceux que tu vas pratiquer, dis moi ce qui te prend, à toi, d’aller t’acheter des trucs si moches. Ouais, Alors que l’être humain  a réussi à s’extraire des années 80 et 90 sans trop de séquelles malgré les ravages du FLUO, alors que l’homo sapiens de la fin des années 2010 a trouvé son style Casual-chic dans des coloris sobres tels que le noir le bleu marine ou le gris, Il faudra m’expliquer pourquoi les stylistes, si on peut les appeler ainsi, qui se consacrent aux vêtements de sport ont ce besoin d’aller chercher des coloris qui grattent les yeux. Je ne comprends pas cette passion pour les… Stabilo. Ça ne peut être que ça, le type allait au bureau de sa mère avec elle et elle lui donnait des bics pour faire des dessins, alors que lui rêvait de prendre les stabilos. Devenu styliste chez Decathlon, le mec ne dessine plus qu’avec ce dont il a été privé petit… Et nous voilà avec des collections entières de vêtements avec des « touches » plus ou moins grosses d’ailleurs de fluo. Et te voilà, toi, alors que tu as tout ton sens commun et qu’en temps normal tu trouves que le kaki est déjà une couleur un peu flashy, te voilà en train d’essayer des chaussures de running orange fluo. Tu les essaies, tu marches dans le rayon, tu hésites avec une paire bleue et jaune FLUO. What the fuck? j’ai envie de dire. Et piiiiire, tu les trouves JOLIES. Et t’es même pas bourrée hein. Ha oui, tu t’es mise aussi à parler comme eux hein. Tu dis plus course, ou jogging (so 1998) nan, tu dis RUN ou Running. Et pour tes « runs », maintenant que tu ressembles à un gros stabilo, tu vas télécharger des applications avec des COACHS qui vont t’encourager. Tu vas porter ton Apple Watch tout le temps et te fixer des objectifs de nombre de pas complètement débiles (Si si, tu vas regarder combien de pas tu fais par jour TOUT LES JOURS). Tu vas comparer avec tes copines, tu vas te mettre à parler rythme cardiaque, tu vas échanger des conseils et des playlists Spotify pour accompagner tes « runs », tu vas publier sur les réseaux sociaux tes « exploits » hashtag FIERTAY, si si, je te jure -ay, comme ça se prononce… Ton instagram passe en mode poufiasse, tu vas parler en temps par km, tu vas utiliser le terme « Fractionné » tu vas même réfléchir à t’inscrire à un trail… jusqu’à ce qu’on te fasse faire la reconnaissance du parcours hein, la « reco » comme tu dis maintenant. Ouais, Après tu vas te calmer un peu. Faut pas déconner non plus, courir peut-être, faire de la rando, pourquoi pas, mais la rando en courant??? Qui a inventé ce sport? Vous poussez le bouchon les gars… Tu te cantonnes donc à un seul sport, la course, que tu tentes tant bien que mal de pratiquer… Et puis  il va se passer un truc, un moment où tu vas basculer définitivement. Ce moment tous les gens comme toi s’en souviennent dans une vie. C’est un moment clé dans ton parcours de « runneuse », et même, j’ai envie de dire dans ton parcours de femme. Ce moment, c’est celui où tu vas retourner chez décathlon un matin, presque comme tous les autres mais pas tout à fait, tu vas parcourir les rayons, mettant dans ton panier à roulettes bleues « tiens, des chaussettes basses » « oh, je vais me reprendre un legging » et là, au détour d’un rayon, tu vas mettre dans ton panier… une banane. Pas le fruit hein. Nan nan. Le… Le truc qui se met autour de la taille. Ouais, parce que c’est « pratique »  pour tes « runs » et y a une place exprès pour ta bouteille d’eau… une BANANE. Le sac qui se porte autour de la taille. Je te rappelle que tu likes tous les tweets de Loic Prigent, que Tom Ford est l’équivalent d’un dieu, et Nicolas Ghesquière un gourou. Mais là, tranquille, normal… tu vas porter une BANANE, meuf. (Ouais, je dis meuf, je parle jeune). Je pense donc aujourd’hui que la pratique du sport a, bien sûr un impact sur le corps et la santé, mais vous ne m’ôterez pas l’idée qu’elle déclenche probablement quelques troubles mentaux notables, tels que l’altération de la faculté à s’habiller correctement et le port d’accessoires absolument interdits pour les humains normalement constitués.

Alors je voulais vous le demander comme un service, si vous m’aimez vraiment… Comme on ne sait pas jusqu’où ça peut aller… je m’inquiète un peu… Si un jour vous me voyez approcher de près ou de loin une paire… de sandales à scratch, mettez moi une balle dans la tête. Je préfère.

Allez bisous.

Communions

aDimanche j’étais invitée à une première communion. Celle avec Dieu tu vois. Celle avec un grand C. Celle à l’Eglise… Tu sais, la maison de dieu. Celle dans laquelle moi, normalement je ne suis pas trop conviée parce que je ne suis pas trop… baptisée tu vois. Pourtant je connais toutes les récitations par coeur, tous les us et coutumes de ces gens chelous qui font mettre des robes à leurs chefs mais qui kiffent pas trop les garçons qui kiffent les garçons… Ouais, genre paradoxe de chez paradoxe… Ils savent faire ça. Moi j’ai jamais trop cru à tout ça, même si au fond, je sais bien qu’il y a quelque chose hein… Mon problème à moi c’est plus le cadre imposé les rituels toussa toussa… Bon, Dimanche du coup, Bien sûr je suis allée à l’Eglise, et en bonne païenne, j’ai fait des blagues et des jeux de mots douteux pendant la (un peu trop longue pour moi) cérémonie. Mais en vrai, c’était aussi pour cacher un peu mon émotion parce que en vrai c’est émouvant de voir tout ça… Il y avait plusieurs communiantes toutes de blanc vêtues, plein de mamans très fières (dont une que je connais très très bien, et de papas qui… apparemment se faisaient un peu chier je crois, mais qui écoutaient sagement, regardant leurs progénitures, plus tout à fait des enfants, mais pas encore effleurées par l’ingratitude de l’adolescence, juste touchées par… la grâce. C’est de là que doit venir l’expression consacrée d’ailleurs… Moi, Celle qui m’a invitée à sa communion c’était la plus jolie, et je dis pas ça parce que c’est la fille de ma copine hein… mais comme dirait Pierre elle a de ses lumières au fond des yeux qui rendent aveugles ou amoureux… Et comme je te dis moi, Elle a ces grands yeux noirs et ses boucles brunes qui coulent le long de son visage, elle n’est que  calme et douceur, elle est simplement… jolie, et elle ne le sait pas. Et ça le rend juste magnifique. Nous étions juste là pour la voir faire sa première communion avec l’éternel…Et ensuite… Ensuite nous sommes allées fêter ça. Et là… Là tu croyais que tu allais juste à une communion… Et tu te retrouves à une vraie Communion. Au sens propre du terme. Tu communies. Ouais, j’ai regardé dans le dictionnaire, la définition de communier ; « Être en union spirituelle ou affective avec d’autres personnes, partager une condition, un sentiment. » C’est très précisément la définition de mon dimanche. J’ai partagé. Mais tellement. J’ai du mal à trouver les mots pour te raconter. Tellement c’était… waouh. c’était tout blanc. avec du soleil partout et des fleurs. y’avait du bon go^t dans tous les coins. Pas une fausse note… mais bon, je connais la maitresse de maison, elle a un peu appris à Bree Van der Kamp comment on se tient, donc je n’avais pas trop de doutes sur la bongoutitude… tout était mieux qu’instagrammable… tout était beau. On se doutait que ce serait comme ça…  mais on avait pas vraiment vu venir le meilleur… Ce qui nous est arrivé… Juste après, ce qu’on s’est pris en pleine face. Parce que la vraie communion, elle était là. Ce moment unique. Ce moment magique. Cette catalyse. Ta famille. Tes amies. La musique. Les musiques.  Les chants. Ta grand mère, tes tantes, ton papa, ta maman, ton cousin, ton frère, ton gang, ta garde rapprochée… Et puis Nous. Avec un grand N.  Et toi… si belle, si souriante, heureuse, si toi. et Nous… Ha… Nous… je regarde et re-regarde ces vidéos… Et je ris. Et je re-ris. Le Bonheur existe vraiment. Il est juste là. Palpable. Tu les vois ces 9 gonzesses qui chantent, qui dansent, et qui se marrent. Plus rien n’est important que ce moment là. Elles ont érigé ça comme une… religion. La seule qui ait une justification, celle du kif. Celle du Ensemble. Celle qui va D’Enrico Macias aux Demons de Minuit, en passant par Dalida, Jeanne Mas et Tié la famille.. ouais… la famille. En fait je ne sais toujours pas vraiment ce que c’est qu’une première communion, malgré wikipédia, mais dimanche je sais qu’on a communié. Au sens propre du terme. Bein sûr le champagne nous a un peu aidées… mas  on était unies. On était nous. Les voix se sont mélangées, parfois disgracieuses et comiques, parfois hurlantes… elles se sont tues aussi pour écouter ton cousin faire résonner des mots anciens avec ses notes à lui. Puis nous avons repris ceux d’un grand poète encore vivant… -Sur une étoile ou sur un oreiller … Au fond d’un train ou dans un vieux grenier… on va s’aimer- ouais, nous, Toutes les neuf. On va s’aimer bordel. Et On a tapé dans nos mains, on a échangé nos chapeaux, on a célébré la joie. La vie. Le nous. Qu’importe la place qu’importe l’endroit. Nous neuf. Et ta famille. Ta famille faite de rires, de voix, et de chants. Le bonheur d’etre ensemble. Tout simplement. Alors Merci pour tout ça. Pour cette joie, pour cette lumière, pour ces sons… Pour cette communion, qui, je crois, n’a jamais aussi bien… porté son nom.

ON

Aujourd’hui « on » a emmené à peu près 250 enfants courir dans la nature. « On » avait super bien organisé tout ça. Les parents de chaque classe avaient fait des équipes pour le relais. « On » a super bien couru, « on » est même arrivés devant l’équipe des instits qui s’entraînent pour toutes les courses, « on » n’était pas peu fiers… « on » les a grave chambré. « On » s’était fait faire des super tee-shirts avec écrit « Les parents des CP.B », parce que c’est la classe de nos nains. Tous les enfants de l’école avaient le même tee shirt avec le nom de leur école, ils étaient tous très beaux. Ils étaient très souriants. Ils étaient très fiers. Ils étaient tous égaux devant la ligne de départ. Ils ont tout donné. Ils ont couru dans la terre. sur l’herbe. ça montait ça descendait. ça tournait. il y avait des trous. Il y avait du soleil aussi. Il y avait des casquettes La reine des neiges et des chaussettes de sport un peu moches aussi. Il y avait des adultes qui les encourageaient… Il y avait des petits visages qui fronçaient le front et les sourcils. Il y a même eu des larmes. Mais elles ont vite été chassées. Comme «  on » n’avait pas de podium « on » en a fabriqué un avec une chaise sur laquelle les vainqueurs sont montés. « On » a fait une remise des médailles avec plein d’applaudissements, « on » a été emu(e)s. « On » nous avait fait un grand barbecue avec du rosé et des glaçons. Du pain et du fromage. Du bonheur dans des assiettes. Les 250 petits sacs à dos ont vidé leur contenu chipsé et pom’poté pour pique-niquer. Du bonheur dans leur petites mains pas lavées. Et puis après avoir couru et s’être dépassés ils ont fait ce que les mini-êtres humains savent le mieux faire. ils ont couru dans tous les sens, ils ont crié, ils ont joué, ils se sont chamaillés, ils ont rigolé. Bref, ils ont enfilé une perle de plus sur le collier des beaux souvenirs de leur enfance. « On » a passé une magnifique journée. Ce soir Je suis tellement heureuse de faire partie de ce « On » que même si en vrai, de toi à moi, je n’ai pas fait grand chose dans tout ce ON, et ben ON s’en fout en fait, parce que je te jure qu’On était bien. On était là. Ensemble. et j’espère qu’On va continuer longtemps à enfiler ces perles là sur le collier du nain, parce qu’elles sont de toutes les tailles et de toutes les couleurs, et ça fera un truc drôlement chouette et lumineux quand il le ressortira… et ça, On en est sûr.

Amoureuse

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Je crois que je suis toujours amoureuse. Toujours amoureuse de toi. Et de tout ce qui t’entoure. Toi qui es là où on ne t’attend pas. Et à la fois tellement là où on t’attend. Toi qui sais si bien sublimer les femmes. Toi qui m’as tant de fois fait vibrer. Toi qui m’as fait rire. Toi qui m’as fait pleurer. Toi qui m’as émue aux larmes. Toi qui m’as donné tant. Toi qui me fais encore tant de bien. Toi que j’observe, de loin.

Hier soir c’était ta fête. Elles s’étaient toutes parées des plus belles ou improbables robes. Eux, portaient d’inhabituels smokings. Certains diront que tu t’autocongratules, que c’est surfait. Que c’est démodé. Que c’est outrancier. Moi je dis que tu es beau. Mais Moi, je suis une midinette. Sous ton emprise. Encore. Toujours. Mais Je défie quiconque qui a vécu si longtemps avec toi de ne pas avoir gardé ce lien. De ne pas ressentir cela.  Je te regarde avec ce regard que Penelope à lancé hier soir à Javier. Et je pleure… je pleure devant ton hommage à Jeanne.

Je textote Ben qui est devant sa télé elle aussi, à 1000 km pourtant, je la sens presque là, à côté de moi dans le canapé. Mêmes larmes. Même rires. Elle, dans les bras de son nouvel amant, le coussin d’allaitement. Moi, en tailleur, face à l’écran, on mange du pop corn, salé. Et puis de la glace. Sucrée. On fait des OOOOOHHHHH et des AHHHAHAHAHA. Et son amoureux a ce sourire bienveillant et amusé de tous nos commentaires.

Vanessa préside dans cette robe chelou d’un rose moche mais que moche hein. « Y a pas de meilleur il y a juste des différences ». Ouais… mais c’est quand même bien de gagner non? Juliette Binoche fait une phrase hyper longue que je n’ai toujours pas comprise, elle a mis du gel et un décolleté plongeant. En mode Jean-Marc Barr le plongeon. Y’a des blagues pour détendre. Des blagues avec des filtres instagram dedans, celles là je les comprends. Alice Belaïdi est coiffée comme Juliette Binoche, une promo sur le gel apparemment. L’annonce du César du meilleur espoir féminin… « c’est comme le masculin mais avec 30% de salaire en moins » HAHAHAHAAHAHAHA moi je ris. Blanche Gardin est, comme à chaque fois, la plus drôle. -Les producteurs ne peuvent plus violer les actrices mais est ce que les actrices vont continuer à pouvoir coucher pour avoir des rôles- HAHAHAHAHAHAHAHA je re-ris. Beaucoup plus. Elle est super forte. Et puis Camélia Jordana en robe rose aussi – mais moins moche que Vanessa le rose-  est émouvante et vraie. Et puis l’instant suspendu. Guillaume Canet. Dès la première phrase je sais qu’il parle de Jean. Jean Rochefort. C’est beau. C’est drôle et touchant. L’hommage aux disparus. Je pleure encore un peu. Parmi les photos qui défilent celle d’un chef opérateur drôle et adorable, parti comme tant d’autres cette année. Un avec qui j’avais fait un film. Un qui n’était pas vieux du tout. Et puis la cérémonie, comme la vie, continue. Des acteurs beaux viennent remettre des césars. Pascal Elbé et Vincent Elbaz – Tiens y’a Vincent Elbaz – Clin d’oeil à la bande annonce mémorable inspirée par Orelsan. Au fait, C’est quoi cette casquette Vincent Elbaz? Enchainement de petits sketchs, un Bureau des légendes kiffant, un Eddy Mitchell désopilant. Un acteur de 120 battements bien émouvant. Et puis le César du public… Je ne sais pas quoi en penser. Alors je ne vais rien en penser, parce que juste après y a eu Johnny.  Et puis Aure Atika a débarqué avec la mythique robe de Mireille Darc dans le grand blond. Comme la vraie, à couper le souffle. Puis Marion Cotillard, emballée dans un genre pochette surprise bouffante a remis un César d’honneur à Penelope Cruz, Pedro Almodovar est venu lui faire une bise, c’était chou. Javier regardait tout ça amoureusement. C’etait re-chou. Ensuite Laura Smet a fait une petite pique sur sa famille, elle a remis son césar à Sarah Giraudeau en rose moche, je crois que c’était le thème de la soirée finalement. Et puis… Et puis Jeanne Balibar a été sacrée meilleure actrice. C’est dans une robe longue, blanche et élégante, qu’elle a fait un long et poignant discours de remerciements sous le regard fier de son metteur en scène, père de ses enfants, et ex-conjoint, Mathieu Amalric. C’est cela aussi. Ta magie.

La cérémonie a été comme d’habitude un peu longue, mais sans pupitre et un peu allégée, menée de main de maître par un Manu Payet drôle, professionnel et j’ai préféré Florence Foresti, Valérie Lemercier ou Antoine de Caunes dans ce rôle, mais il s’en est bien sorti. Toi tu as eu une jolie fête cette année, méritée. Tu m’as encore émue et touchée. Quand je te revois comme ça, dans tes habits de fête, Je sais que Je t’aime encore. Je t’ai quittéParce que tu m’en demandais trop. Le don de moi. Ce besoin d’exclusivité absolue. Ton irrégularité. Ton impatience… Je t’ai aimé comme je n’avais jamais aimé avant. Je t’ai tout donné. Et tu m’as changée. Transformée. Tu as fait de moi une femme différente. Je ne regrette rien. Pas un instant. Pas une minute. Pas un plan. Pas une séquence. Pas une feuille de service. Pas un P.A.T. Rien.

Je te souhaite d’être heureux, Même si c’est avec d’autres. Parce que c’est cela, le véritable amour. Et je vous souhaite à tous, de connaitre un jour ces papillons dans le ventre, ces étoiles plein les yeux, cette escalade d’émotions, cette explosion de sentiments.

Une passion comme celle que j’éprouve toujours pour toi, Cinéma.

La quatrième dimension

J’ai récemment découvert un nouvel univers. Un univers parallèle. Un monde dans lequel le temps et l’espace ne sont plus les mêmes. Un monde ignoré d’un pan entier de l’humanité. Un monde auquel je n’avais jusque là pas eu accès. Je ne sais pas encore comment le nommer. Mais celles et ceux qui y sont déjà allés le reconnaitront… Ce monde peuplé de créatures qui nous ressemblent mais qui sont si différentes… Ce monde auquel seule une certaine partie des humains à accès. Le monde des parents qui ne travaillent pas. Et par conséquent… qui s’occupent de la vie « périscolaire » de leur enfant. Ouais, cet espace situé entre 16h30 et 19h en semaine… Tu crois que c’est rien… Mais laisse moi te dire que tu te trompes…

La plus grosse découverte a pour moi été la sortie des classes à 16h30. Première fois en 3 ans. c’est un peu chelou je te l’avoue… Bon, déjà, saches le, c’est un légende urbaine, ça sonne à 16h20 en fait, et crois le ou non, des personnes comme vous et moi, normalement constituées, se massent devant les grilles de l’école dès 16h10… Pourtant c’est immuable, la « cloche » comme ils disent, ne sonnera pas avant 20. Mais ils sont là. ils veillent. Ils se toisent. Petits sourires, parfois complices et en meme temps hypocrites, coups d’oeil aux montres. iPhone en main, comme pour donner l’alerte, on ne sait jamais, le B613 est peut être embusqué… Positions statiques. Certains remuent un peu. Plus l’heure avance, plus ils se rapprochent de la grille. On prend position… des fois que.. on ne sait jamais… Moi je vous avoue, perso, je suis un chanceuse… j’ai été initiée par des « anciennes » des qui savent. Alors pour ma première sortie des classes j’étais moins stressée. Mais quand meme, ça te met un petit coup de pression. Bon, je te rappelle que mon fils fait normalement partie des plus jeunes de l’ecole, rapport à ce qu’il est en CP, mais apparemment devant l’école on s’en fout. Pas de discrimination. Si Ton fis a 10 ans. Viens, colle toi à la grille, il pourrait te manquer et aller s’écraser contre… Contre rien en fait. Tu le trouverais. Mais ouais, il faut etre là. Pour montrer que t’es là sans doute. Moi j’avais pas trop le stress de le rater, mais bon, étant donné l’occupation du terrain par les autres, je me suis posée des questions.

Je sais pas chez vous, mais nous on a 2 grilles. Chez nous l’enfant aurait vraiment du mal à s’expluser de l’école pour se retrouver dans la nature…. Mais les parents sont là. je veux dire LÀ. Et du coup moi aussi. J’ai assisté à l ‘ouverture des grilles. Un espèce d’accouchement avec péridurale. Le truc pas douloureux hein, attendu… et qui ressemble en tout point à une délivrance. Un peu comme si ça faisait des heures que ça montait et tout d’un coup… Ils sortent. Allez y madame, poussez…

Survoltés. Débraillés. Fatigués. Excités. Peinturlurés. Eux, pour pousser la métaphore jusqu’au bout, gueulent… Mais ils sont heureux. Comme disait l’autre « l’école est finie. » J’ai vu le mien. Et puis je ne l’ai plus vu. Je l’ai senti. Il a accroché mon gilet. Mamaaaan. Dans ce maman y’avait de tout. Comme dirait mon nouvel ami Orelsan, Simple et Basique. Maman. LA Base. La simplicité. ce sourire. Son sourire. Et puis il trace. Il suit les autres. Et toi tu suis les autres. Instinct grégaire. Simple et basique. On se retrouve dehors. On tente une discussion… mais non, c’est pas l’endroit… De l’instantoù il t’a vu il n’a bien sûr plus tourné ka poignée de son cartable que tu raines désormais… Naturellement. Tu tentes un « Ferme ta veste » mais il ne t’écoute pas, il parle. Il déblatère un monologue qui n’attend aucune réponse. Tu souris. Sans doute parce que c’est ta première fois.

Chacune reprend sa voiture. Et là. Là. tu comprends ce que c’est que le bordel. La N118 un soir de neige en fait. Sors du parking de l’école à 16h35, et tu seras un homme, MEUF.

Le nain continue de parler. Tu mets la radio plus fort. tu souris moins…

Attends, ton mardi n’est pas fini. après, le mardi, il a KARATE. c’est à 17h. T’es large. On a la boite à gouter. BIEN SUR on a le sac de karaté. On est bien. On se gare. Il mange ses cookies. Tu l’aides à ouvrir son candyup parce que t’as peur qu’il s’en foute partout, c’est vrai ça, comment il fait sans toi depuis 5 mois? C’est vrai. Il y arrive. Mais là, comme tu es là, c’est bien que tu le fasses. On va au karaté. Je l’aide à enfiler le pyjama règlementaire, il a pas mis la coquille, vas-y, enlève le pantalon et mets la coquille…remets le pantalon… Les lunettes. Ha, tu gardes pas les lunettes? OK OK, donne les moi. OK. Et la ceinture! maman! Attends on va demander à Sandrine ou Annabelle, ELLES, elles savent faire le noeud. Ouais. Progrès à faire. Bon, c’est pas tout ça, mais on va aller boire un coup parce que… Parce qu’on va te laisser prendre ton cours tranquille hein. (et surtout ça sent les pieds mon chat hein). Allez, bon cours! Ouais voila, c’est comme ça que tu te retrouves à boire une despé à 17h15 un mardi soir avec une autre maman. Et tu passes meme un bon moment en fait. Tu reviens à la fin du cours. il est ravi de te voir. RE-venir le chercher. Sylvie te dit de pas oublier la compète de samedi hein. NOooooooon, bien sur que tu n’oublies pas. Elle te donne l’écusson du club qu’il faut coudre sur le kimono… Bêtement tu lui demandes où il faut le « coudre » … Elle te répond «sur le coeur » . Tu dis « Ha, ça va lui faire mal quand meme ». .. Elle ne rigole pas. Sylvie est premier degré. Tu te rattrapes en disant que tu vas le mettre sur le kimono. Tu fais la maline hein, mais le lendemain tu sors ta trousse de couture et tu mets une heure à coudre le truc sur le kimono propre. Toi t’appelles ça un pyjama, ça ressemble quand meme beaucoup… mais Tu l’as même repassé pour la compète. T’as beau faire celle qui est détachée, ça te prend aux tripes. C’est pire que si c’était toi. C’est meme encore mieux que ça. c’est MIEUX que si c’était toi. Il est ta plus belle réussite.

Je déteste ce mot. REUSSITE. mais il est ça. y’en a pas d’autres. Aujourd’hui j’ai du temps pour lui. Du temps qui n’a pas de prix. J’ai zéro patience et j’ai pas lu tout le mode d’emploi, mais je te jure que je vais continuer d’essayer d’être une bonne maman. Nan, pas celle de la confiture mon chat. Celle qui te met de la musique fort fort et qui chante avec toi. Celle qui a les larmes aux yeux quand tu lui ramènes une médaille de n’importe quoi. Celle qui oublie ta trousse dans le cartable. Celle qui te lave pas tous les jours. Celle qui connait les prénoms de tous tes copains de classe. Celle qui t’engueule parce que t’as encore cassé ton cartable, celle qui te bat à Mario kart 8, celle qui te rachète des mini-saucissons parce que c’est tes préférés, celle qui te prend en photo quand tu dors, celle qui t’avait rêvé moins bien que ce que tu es chaque jour et qui pensait même pas que c’était possible. celle qui t’as mis PALLADIUM à fond hier et à qui tu as dit:

⁃ Mais maman, on peut pas boire du rock’n’roll !

⁃ ben si, il suffit d’avoir un verre!

Et toi tu as ri.

Mot d’excuse

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Chère madame Maestra,
Je vous prie de bien vouloir excuser l’absence de mon génie de fils Jeudi et Vendredi dernier, mais malheureusement le pauvre enfant a été victime d’un virus de type « probablement grippal » d’après une personne diplômée de médecine qui l’a ausculté et qui m’a pris 25 euros pour me donner une ordonnance sur laquelle il est écrit qu’il faut lui donner les antibiotiques « SI BESOIN » ça n’a rien à voir avec vous, mais il m’est difficilement concevable que quelqu’un qui a fait 9 ans d’études me laisse moi, diplômée de Netflix, décider si oui ou non, mon enfant a besoin de tel ou tel traitement. Bref,  vous aurez compris qu’il n’était malheureusement pas en état de venir suivre vos cours trop choupis à base de Syllabes qu’on mime avec ses doigts pour apprendre à lire. J’espère que je pourrais malgré cela l’inscrire à Polythechnique, ou mieux, à koh lanta, afin de lui garantir un avenir radieux.
Je me permets de vous le renvoyer en classe ce lundi parce que malgré la toux et le nez qui coule, il n’a plus de fièvre et je pense que l’un de nous deux est en danger de mort si nous passons une journée de plus dans le même espace confiné. Il me semble, de ce que j’ai pu apprécier depuis la rentrée scolaire que vous êtes bien plus compétente que moi dans cet art, je crois que vous partagez la cage de 21 de ces êtres étranges dont le comportement est incompréhensible, dicté par leurs envies et sans aucun filtre… Je crois que vous appelez ça des « enfants », personnellement, rester enfermée avec un spécimen de 6 ans, même le mien, pendant 5 jours, c’est dans les limites de mes capacités et compétences. Je vous en laisse donc le loisir, car il semblerait meme que vous appréciez leur compagnie. J’ai fait des découvertes spectaculaires pendant ces journées non-stop avec celui que j’ai pourtant moi-même mis au monde et que jusque là je croyais avoir « éduqué » Ha. Ha. Ha. C’est là que vous allez rire. (en lisant ces lignes, gardez à l’esprit que je l’aime, qu’il est ma chair et mon sang, et ne me jugez pas…)
Saviez vous que dans la meme journée, on peut se moucher dans la housse de couette en lin de sa mère, renverser son chocolat chaud, s’essuyer les mains pleines de nutella sur un coussin du canapé et mettre de l’eau partout en prenant un bain? Si. C’est possible. Et le tout, sans même (presque) se faire (trop) engueuler. #sergelama #jesuismalaaaaaade
Savez vous combien de fois par jour un être humain peut dire « Mets ta main devant ta bouche quand tu tousses »?
Savez vous qu’un enfant peut renifler toute la vie sans jamais ressentir le besoin de se moucher? Savez vous qu’il peut le faire très près de votre visage? Savez vous qu’un enfant qui a de la fièvre et qui délire la nuit peut vous rejouer l’exorciste en chantonnant en murmurant A MONSIEUR PO A MONSIEUR LI  A MONSIEUR CHI A MONSIEUR NELLE A MONSIEUR POLICHINELLE ? Savez vous que l’enfant a des degrés de maladie très divers qui dépendent de l’activité que vous lui proposez ? Exemple : « Viens on fait les Devoirs », maladie à 9,5 sur un échelle de 1à 10, qui soudain descend à 3 ou 4 si vous proposez un petit Mario Kart 8 à la Switch, mais qui remonte à7 si vous le battez.  Savez vous qu’un enfant malade abuse de sa position d’enfant malade en réclamant des trucs du genre « des cookies, mais pas ceux là »…  en accentuant sa petite voix ou en penchant la tête? Savez vous qu’un enfant qui déteste le gout du doliprane et de l’advil (qui est le meme) est un tout petit peu « compliqué » à soigner quand il a 40,3 de fièvre? Savez vous qu’un thermomètre rectal est également buccal? ça dépend de sa première utilisation. Nous avons bien ri.
Oui. Vous, vous savez. Mais moi, je ne savais pas. et là il va me falloir un peu de temps pour décompresser… Parce que tout ce stress…  Alors je voulais vous demander une petite faveur, j’ai un peu réfléchi au truc et… comme je ne vous l’ai pas mis en classe pendant 2 jours…  est ce du coup,  je pourrais vous le laisser… disons… jusqu’à disons mardi soir? ça ne fait que 2 petites journées et une seule nuit… Je lui ai mis une tenue de rechange dans son cartable pour mardi. Mais là il faut que je souffle un peu. Comprenez moi… Et puis…  je vous rappelle que vous êtes payée avec mes impôts… donc quelque part vous êtes un peu… mon employée. Cet enfant vous adore. il vous adule meme…  Et moi je suis si fatiguée…
Non je déconne. Vous avez cru que j’étais sérieuse? Mais… vous voulez le prendre ? Ho ça va… Bien sûr… Je serai là à 16h30 pour le récupérer, ce sera la première fois en 3 ans que je viens à 16h30, je crois que je vais découvrir un nouveau monde. J’espère qu’il n’est pas trop proche de la faille spatio-temporelle dans laquelle je vis depuis mercredi…  et qu’il ne va pas continuer dans la voie qu’il pense avoir ouverte:  ma-mère-mon-esclave. Mais il va vite comprendre je pense.
Mais je m’égare… C’était un peu long pour un mot d’excuse, pardonnez moi, mais il fallait que je vous raconte… parce que VOUS vous pouvez comprendre. VOUS, vous savez. vous parlez leur langage…
Et je voulais vous demander… un peu comme une faveur… si… un jour, Madame Maestra,  si vous pourrez nous dire? Nous donner le secret?  Hein? comment vous faites? Qu’est ce que vous prenez? ou qu’est ce que vous leur donnez? Nan parce que y’a quelque chose, c’est pas possible autrement….
Bon, je vous prie de croire, Madame Maestra , en l’assurance de plein de trucs hyper distingués, et surtout en toute ma compassion pour ces 5 mois et demi qui restent…  avant une nouvelle fournée…
Allez, bisous.
PS : appelez moi si vraiment il est pas bien… Je viendrai le récupérer. OU PAS Hahahahahahahahahaha (vous n’avez pas d’humour?)

Frites, Skype, et playmobils

Et puis y a le lundi soir. Le premier jour de la semaine, celui qui donne l’impulsion. Celui qui rime avec… ben ce soir avec gastronomie. Frites et steaks hachés surgelés « mais au kepcheup maman» ouais, ceux qui ont le goût d’oignon. C’est mes préférés (ouais, j’ai AUSSI un goût très sûr pour les surgelés). Dans le frigo y a plus que des bouteilles. De vin. De lait. De jus de banane. De jus de tomate. On est comme ça, on est éclectiques du jus nous. Y a aussi des activia à peine périmés et du fromage en plastique qui lui ne périme jamais, celui qu’on met dans les hamburgers. Meme nous, on arrive pas a le manger périmé… c’est dire. Donc on a tapé dans le congélo toujours plein et on a trouvé du bonheur en très froid…

Dans le couloir qui mène à sa chambre, son poncho en éponge dessiné par edicathlon Slimane a été abandonné là. Comme si l’enfant s’était évaporé dedans en courant. Je l’enjambe soigneusement, il le ramassera bien sûr spontanément en le voyant tout à l’heure…. J’entends des bruits secs de plastique qui s’entrechoque et il chantonne. Je reconnais distinctement « qui a eu cette idee folle un jour d’inventer l’école » ha oui. C’est lundi. La tarée qui fait cours de chant est venue dans la classe. Ceci explique cela. J’ai passé ma tête dans l’encadrement de la porte et je le vois, concentré, cheveux mouillés, il s’acharne à dézinguer pièce par pièce le centre équestre playmobil. Je râle un peu. « c’est parceu queu avec les plaques je fais autreu choz, regarde! Une prison! » ouais. Une prison. Cool! Mais Pourquoi ils ont ce besoin de fabriquer des prisons? Le mini être humain est tellement libre dans sa tête qu’il a besoin de construire des barrières. Si tu savais combien on va t’en mettre après des barrières… mais tu sais pas. Toi tu fabriques des prisons. Des barrages. Tu montes les murs les plus hauts. Et puis un jour. Un jour ta seule envie sera de les faire voler en éclats. « Tu sais maman, avant c’était déjà une prison pour les chevals, avec là le truc pour l’eau, et là pour qu’il prende ses croquettes… ça mange des croquettes un cheval dis? ». Ouais ça doit manger des croquette pour cheval… je vais faire à dîner, quand je t’appelle tu viens ok? -ok- au bout de combien de fois? -une fois- voilà, le deal est passé. J’ai fait cuire les steaks, il est venu me montrer un truc sublime marron et jaune qui semblait être un demi box de cheval mais qui était pas du tout ça tu comprends rien. Il a trébuché à l’aller et au retour sur le poncho humide. Il est venu diner tout de suite quand je l’ai appelé. Je lui ai mis son programme télé préféré… Son papa en skype et en plein écran sur l’ordinateur de maman. Après il nous a même fait un café chacun avec sa nespresso en dinette, et on a super bien rigolé quand il a passé son café à papa et que papa l’a réceptionné en faisant apparaître une tasse sur son écran. Éclats de rire. Il est fort ce papa. Il nous a repassé la tasse pour la réchauffer un peu dans le micro onde. On la lui a repassée…. On aurait pu faire ça toute la nuit tant il rigolait de bon coeur à chaque fois qu’on le refaisait, mais y a école demain, alors on va aller au dodo. On a dit bonne nuit papa. Tu raccroches toi nan c’est moi nan c’est toi nan c’est moi à 3. 1.2.3. Il est allé se coucher. Une fois dans le lit il m’a appelée pour un Bisou et une histoire. Comme il était déjà un peu tard j’ai raconté une histoire un peu courte. Celle d’un poncho magique, qui retourne se mettre tout seul derrière la porte de la salle de bains. Il habite au pays magique des habits magiques, ceux qui se jettent seul dans les paniers de linge sale. Et il est copain avec le pyjama magique qui se remet sous l’oreiller tous les matins… il a rigolé… il a dit que c’était pas une vraie histoire. J’ai dit qu’en revanche c’était un vrai poncho… je lui ai enlevé ses lunettes et je lui ai fait des bisous. J’ai laissé la porte ouverte et la lumière de la salle de bain. Et puis J ai aidé le poncho pas si magique à retrouver son chemin… bonne nuit mon amour, et ne rêve pas trop de prison de chevals…

Comme un goût de poussière

J’aime pas le lundi. Remarque, y a pas beaucoup de gens qui aiment. Le lundi c’est comme les hôpitaux. Tu trouves jamais de gens qui te disent « Moi j’adore les hôpitaux » ou les contractuelles… ou les mon chéri… Tu connais des gens qui aiment les mon chéri? Bref. Le lundi c’est comme un mon chéri.

Celui là il suit ce qu’on pourra qualifier de week end le plus moisi de 2018. Pas trop dur tu me diras, étant donné que c’est le premier, mais on aura du mal à faire moins funky. Je te dresse le tableau : Vraie gastro. T’es au fond de ton lit alors que Samedi y’a un ciel bleu à faire pâlir Yves Klein et le nain est encore chez son père. Tu es donc seule et tu pourrais « profiter», mais non, tu restes à une distance raisonnable de ton meilleur ami du moment : Jacob Delafon tout en sirotant La boisson la moins hashtagable de la vie : Le smecta à la fraise #smectafraise. Note pour plus tard, ne plus jamais obliger le nain à en boire, c’est VRAIMENT, dégueulasse. Mais la loose ne s’arrête pas là… Etant donné que tu as fini les 2 saisons de Stranger Things tu te dis que tu vas te mater Love Actually en essayant de te motiver pour défaire le sapin de Noel qui a exactement la même gueule que toi (n’essaie pas de visualiser)… Le climax de ton week end résidant dans ce moment où Hugh Grant danse sur les Pointer Sisters et où tu remues un peu la tête… Ouais tu peux le dire, on atteint des sommets. Tu t’es translatée dans le canapé avec un plaid et tes chaussons-chaussettes fourrées en pilou-pilou. Tu portes à 15h ton pyjama de Noel « TEAM RUDOLPH » et sur ton macbook pro ouvert sur le canapé, dans la barre de recherche google on peut lire « MOURIR D’UNE GASTRO ENTERITE ». Tu as touché le fond, et tu creuses encore.

Tu remets lentement Melchior, Gaspard et Balthazar avec le boeuf, l’ane et tous leurs potes dans une boite. tu mets cette boite dans une autre boite. Elle ira en rejoindre plein d’autres dans l’abri de jardin. Avec, tu sais pas pourquoi cette étiquette « XMAS » parce que tu t’es crue bilingue le jour où t’as fait l’étiquette sans doute.

Tu t’es donc hissée hors du canapé et Tu retires maintenant chaque boule de chaque branche toute sèche. ce qui prend, on est d’accord, autant de temps que de les mettre. Mais en environ 70 fois moins festif.

Tu réussis à retirer les guirlandes lumineuses qui s’entrecroisent sans te prendre le sapin sur la gueule, ce qui n’est pas gagné d’avance étant donnée ta méthode : Tirer jusqu’à ce que ça vienne, mais il est resté debout: fierté. Du coup Tu fais 2 grosses pelotes et tu te dis que tu les démêleras l’an prochain, et l’an prochain tu pesteras, comme cette année, avec ton bonnet de père Noël clignotant, ta bonne humeur et ton nain, que c’est quand même pas compliqué de démêler avant de ranger. Si. Je t’assure, Ça l’est.

Tu as mis toutes les boules dans une boite. Celles avec des étoiles. Celles transparentes. Et celles avec dessus MAKE YOUR DREAMS COME TRUE. Tu as regardé la boite un moment avant de la fermer. Tu lisais cette phrase. Et tu as philosophé un instant dans ta tête sur les rêves qui comme des boules sont rangés dans des boites et qu’on ressort juste de temps en temps mais qu’on range bien précieusement avec du papier de soie autour, pour pas les abimer. Tu as filé ta métaphore pourrie entre les rêves et les décos de Noel, et tu t’es mise à te dire que les rêves il fallait les réaliser, ouais, attraper sa vie à pleines dents ou croquer sa vie à pleines mains, tu sais plus, mais en tout cas faire un truc. Tu es partie encore un peu plus loin en rangeant l’étoile, un peu le rêve suprême. le truc qui te titille depuis toujours. Ton étoile à toi. Celle que tu devrais suivre. C’est quoi. T’as bien réfléchi. Et puis… Et puis T’as fermé la boite. T’as fait une pile de boites que tu monteras demain dans l’abri de jardin. Procrastination, ton deuxième prénom.

Tu t’es demandée si tes rêves allaient tous finir dans l’abri de jardin. Et puis t’as re-bu un smecta à la fraise. C’est important de préciser à la fraise parce que déjà le smecta en soi, c’est pas bon, ça a ce goût de poussière… mais alors à la fraise, c’est vraiment pas possible. Mais la peur de faire partie des 219 000 morts par an de la gastro était bien plus forte que le gout. Merci google.

Après ce samedi tu as eu, comme tu t’en doutes un dimanche à peu près du meme genre mais en moins malade. Maman t’a appelée pour te dire que France Gall était morte. T’as rangé toute la chambre du divin enfant qui rentre demain après 10 jours d’absence, t’as trié les playmobils -évideeeeeeemmmmment- evideeeeemmmment on danse encore sur des accords – t’as Jeté des milliards de petits bouts de papiers découpés petit petit – Quand je suis seule et que je peux rêver, je rêve que je suis dans tes bras- t’as fait le tri dans ses affaires – Je suis une poupée de cire une poupée de son Mon coeur est gravé dans mes chansons – tu as Changé son lit de place – tape sur des tonneaux sur des pianos sur tout ce que dieu peut te mettre entre les mains- et puis la commode – quelque chose dans la voix qui parait vous dire viens- Et passé l’aspirateur -cherche ton bonheur partout vas, refuse ce monde Egoiste – remis le tapis en place -Il jouait du piano debout, c’est peut etre un détail pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup- Mis toutes les peluches en rang d’oignon sur le lit – Et que chacun se mette à chanter et que chacun se laisse emporter – et puis chaque chose était à sa place. T’as arrêté spotify. Y’a eu du silence. Et les boites dans le couloir. Qui te toisent.

Et tu t’es dit qu’en fait tu l’aimais bien France Gall. Longtemps tu as dit qu’à part jeter sa frange en avant elle faisait pas grand chose. Mais t’étais seulement jalouse. Tu repenses à l’été de tes 14 ans où tu as appris la mort de Michel Berger. Et où ton cœur d’adolescente s’est brisé et s’est demandé pourquoi. Comment. Comment on pouvait nous reprendre tout ce talent. Toute cette sensibilité. Tous ces mots qui te parlaient tant à toi. Et là, dans ce couloir. tu l’entends. Et tu l’écoutes.Tu écoutes ce silence. Béant. Ouais. Ca existe pas un silence béant, mais celui là, il est comme ça… et tu l’entends…

Ce qu’il reste de vous

immobile et debout

une minute de silence

ce qu’il reste c’est tout

de ces 2 coeurs immenses

et de cet amour fou.

On est plus lundi. Lundi soir Le nain est rentré. Ignorant tout, la gastro, le sapin, les rêves, les boites, France Gall… et… la fille à côté de lui a vomi dans l’avion a cause de toutes les turbulences. Elle s’appelait Lola. Tu vois, la réalité c’est ça. Et je la surkiffe la réalité.

Allez, bisous.

Ensemble

Y avait des paillettes et des bulles de champagne. Des filles qui parlent fort et qui se foutent bien de comment on les regarde. Y’avait ce couple d’amoureux venu entrer dans une nouvelle année dans un chouette restaurant pour une soirée sûrement romantique et qui ne s’attendaient pas à cette table de 16 dont quelques barges juste derrière eux… Y’avait cette table de jeunes qui avaient l’air déjà vieux dans leurs têtes et qui ne faisaient pas de bruit… Y’avait la cheminée qui crépitait mais qu’on entendait pas. Y’avait l’enceinte qui crépitait aussi et qu’on a bien entendue. Y avait celles qui n’étaient pas là mais qui étaient un peu là quand meme parce qu’on les voyait en photos et en vidéos et qu’on rigolait avec. Y’avait tous nos téléphones qui n’ont pas téléphoné mais qui ont bu du champagne par moments. Y’avait des paires de chaussures à talons qui font mal aux pieds mais qui font de très belles jambes et des uggs dans des sacs qui sont sorties après minuit. Y’avait des petits feux d’artifice dehors que y’a que moi qui les ai vu et qu’on m’a prise pour une folle. Y’avait des collants qu’on avait peur de filer sur des chaises en paille. Y’avait une culotte en dentelle qui gratte qui a lancé toute une discussion sur le fait de porter ou pas des culottes. Y’avait une discussion sur les poux qui était en fait une métaphore mais en fait pas vraiment parce qu’y en a qui avaient vraiment des poux. Y’avait de la musique. Y’avait du champagne. Y’avait ces filles qui sont super belles du dedans, mais ce soir là… elles avaient mis un peu plus de noir sur leurs yeux comme dirait Dalida, et du coup elles étaient super belles du dehors aussi. Y’avait des rires en pagaille. Y’a eu une recherche sur google des rimes en -ITE pour aller avec deux-mille-dix-huit. Très fructuante vous vous en doutez. Y’avait des cris. Des photos. Des films. Des assiettes bien pleines et des enfants fatigués. Et puis… Et puis à minuit moins 5 les nains ont débarqué. On était encore en train de manger, ils ont fait une pause sur leurs ipads-switch-kidizoom et autre virtualités, pour venir se serrer contre leurs géniteurs et génitrices et entrer collés dans la nouvelle année. Et là, juste là, je l’ai sentie. collée à moi. L’absence. Elle était venu avec le vide. Ils s’étaient bien planqués tous les 2 jusque là, mais ils ont surgi. Et moi Je cherchais presque ses petites lunettes entre 2 doudounes qui arrivaient de l’extérieur. Je savais qu’il était de l’autre côté de la Méditerranée et qu’il n’allait pas apparaitre comme par magie. Alors J’ai voulu regarder ailleurs que toutes leurs étreintes. Mais ils étaient partout. Et lui nulle part. Et puis Des bras bienveillants m’ont serrée fort et mes yeux se sont tout mouillés. Il n’est pas entré en 2018 avec moi. Et ça vous savez, en fait, ça n’est pas triste. Pas triste du tout meme . Bien sûr qu’à cette instant j’aurais donné n’importe quoi pour le serrer. Et meme fort fort. Mais ce qui n’est pas triste c’est qu’il était avec son papa. Et qu’il était bien. Et moi j’étais avec elles. Avec eux. On était ensemble. Ensemble. Plein de rires. Plein de joies. Plein de danses. Plein de chants. Plein de trucs qu’on allume et qui font un feu d’artifice d’intérieur mais qui après font de la fumée qui pue. ET J’espère que mon 2018 sera comme ça. Et le votre aussi (nan pas plein de fumée qui pue) : Ensemble. Avec plein de Ensemble. Parce que si on peut bien se souhaiter à tous quelque chose, c’est ça. A quoi bon les chouettes projets, les beaux voyages, les moments magiques, la santé et la prospérité si ce n’est pas pour les partager avec ceux qu’on aime…. Je vous souhaite à tous plein de Ensemble pour cette année, avec un soupçon de Pace è Salute et un zeste de Céline Dion par dessus quand meme… Je nous souhaite une année drôle, belle et Ensemble, c’est tout. (©Anna Gavalda hein)

Bisous les copains à très vite dans la vraie vie. Je vous kiffe. Et encore plus en 2018.